5. Circulations
« On a que ça à faire de toute façon. Trouver la faille. » (Dylan, auxi bibliothèque)
J’attends dans l’aile du scolaire, à gauche des portes qui donnent accès aux promenades. La surveillante est partie chercher les clés de la bibliothèque, située tout au bout de l’aile. Son collègue regarde la cour par les petites fenêtres rectangulaires en fumant une cigarette. Je regarde aussi. La cour est assez grande, même si les détenus sont très nombreux à l’intérieur. En passant, j’ai vu noté sur un tableau blanc accroché à la porte de la cour de gauche : 4ème étage Droite 70 Milieu 79 Gauche 73. Un peu plus de 200 donc. Le deuxième créneau de promenade du matin dure 2 heures, de 9h-11h. La cour est entourée de grillages et de barbelés. Un mur épais sépare les deux cours de promenade. Promenade gauche. Promenade droite. Un mirador (armé) surplombe toute la cour, dans l’angle. Plusieurs groupes se forment dans la promenade. Un groupe d’une dizaine de détenus font des pompes en cercle, rythmé par les encouragements d’un coach sportif improvisé. Il tape dans ses mains pour donner la cadence de la poussée. D’autres un peu plus loin font des squats, en se portant à tour de rôle sur le dos pour se lester. Des bouteilles d’eau servent de poteaux pour délimiter un terrain de foot. Une vingtaine de joueurs, sur un terrain beaucoup trop petit, à peine la place pour un jeu de passe. C’est à celui qui dribble le mieux. On f’sait des 12 contre 12 sur des terrains d’foot qu'étaient prévus pour 8 mecs. Contre le mur deux barres à dips et une barre de traction. Des petits groupes de 3 ou 4 passent à tour de rôle. Il fait froid, ceux qui ne font pas de sport ont des gants, des vestes (sans capuches) et font le tour de la promenade en discutant. Certains courent tout seul. D’autres discutent avec les cellules de l’aile gauche qui donnent sur la cour de promenade.
Un yoyo est tombé entre le grillage de la promenade et la cellule qui l’a lancé. Un détenu s’est confectionné une petite canne à pêche de fortune et essaye d’accrocher le yoyo pour le tirer jusqu’à lui. Le surveillant le regarde le sourire aux lèvres. Je lui demande pourquoi il rit :
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